Parfois, les enfants sont incroyables, apportant ce brin de naïveté bien placée, en fait de l’intuition géniale.

Mon petit neveu, Arthur, 6 ans, m’avait rejoint sur le canapé, alors que ma sœur préparait le dîner :

  • « maman m’a dit que ton métier, c’est scotch, c’est vrai ? ».

 

Après avoir rigolé un grand coup, j’avais rectifié :

  • « coach, pas scotch ».
  • « Et c’est quoi, cauche ? »
  • « Et bien… comment t’expliquer ? Par exemple, toi, est-ce que tu as parfois des difficultés à te faire comprendre de ta maman ? »
  • « Oui, quand je ne veux pas prendre ma douche et que je préfère regarder la télé, et qu’elle ne veut pas, et que ça finit qu’elle me gronde et que je pleure et que je lui fais la tête et qu’on finit par s’embrasser. C’est fatigant !».

 

Je ne cesserai jamais d’être émerveillé par le style de communication des enfants : simple, direct, efficace et touchant.

  • « Et bien, tu pourrais aller voir un coach pour travailler avec lui comment parler à ta maman pour qu’elle te laisse regarder, un peu plus, la télévision. Ou bien ta maman pourrait aller le voir pour travailler comment te parler pour que ça se passe mieux entre vous ».
  • « Il m’apprendrait comment faire ? C’est trop bien, il sait tout faire le cauche ! »
  • « Pas tout à fait, en fait, cette dame ou ce monsieur te permettrait de trouver la solution toi-même »
  • « Mais alors, ça veut dire que je connais déjà la solution ? »
  • « En quelque sorte, oui ! »
  • « Ca alors. Mais ça sert à rien d’aller à l’école alors, si je sais déjà tout… »

 

Je dois dire que cette dernière phrase me laissa perplexe un long moment, et il me fallut un long moment de réflexion avant de pouvoir lui répondre :

  • « Et bien, ce n’est pas aussi simple. C’est vrai que les coachs pensent que nous avons, tous, les moyens de trouver nos propres solutions. Mais parfois, nous ne les avons réellement pas. Dans ce cas, on dit que tu es capable d’aller chercher ce qui te manque chez quelqu’un d’autre. Par exemple, pour savoir parler à ta maman, est-ce que tu connais un copain ou une copine à l’école qui sait faire ça ? »
  • « Heu… oui, Tom sait faire ça. Un jour, il a dit à sa maman qu’il ne mettrait pas les pieds dans sa chambre avant d’avoir terminé l’épisode de Scoubidou. Ca a marché ! »
  • « D’accord, et est-ce que tu imagines pouvoir parler à ta maman comme ça ? »

 

Arthur se plongea quelques instants dans une rêverie silencieuse, puis, sans sourciller me confia :

  • « Non, j’aime trop maman pour lui parler comme ça. Tom ne doit pas beaucoup aimer sa maman… »
  • « Tu vois, ce que nous venons de faire, c’est un petit morceau de coaching, et chaque fois que tu as réfléchi sans rien dire, tu as vraiment avancé ».
  • « Avancé ? Ca veut dire quoi ? »

 

Voila bien une bonne question : que veut bien dire « avancé » ?

  • « Et bien, disons que tu as compris des choses nouvelles sur toi, sur ta maman et… sur Tom »
  • « Quand j’apprends des choses à l’école, alors j’avance ? »
  • « Oui ! », dis-je en éclatant de rire.
  • « C’est trop bien, plus tard je serai cauche . Comment on apprend à être cauche ? »
  • « Il y a des écoles de coach, et chacune a sa spécialité »

 

Arthur se tut, descendit du canapé et s’assit par terre pour faire rouler une petite voiture en bois. Je sentais que sa réflexion était profonde, cachée derrière sa contemplation de la voiture. Puis, après un long silence :

  • « C’est quoi, toi, ta spécialité ? »
  • « Moi ? C’est un peu compliqué… »
  • « Trop compliqué pour moi ? »
  • « Heu… non, bien sur que non… je pratique la PNL »
  • « La quoi ? »
  • « La PNL, la Programmation Neuro-Linguistique »
  • « C’est quoi ? »

 

Je sentis tout de suite l’immensité du défi : expliquer la PNL à un enfant de 6 ans, alors que je n’arrivais pas à l’expliquer à des adultes… Un grand vide se fit dans mes pensées et une seule et unique idée me vint : « mets toi à sa place ». Ce que je fis :

  • « La PNL c’est une baguette magique pour jouer avec ton cerveau »
  • « Ouhaou ! »
  • « Oui, comme tu dis ! Par exemple, est-ce que tu te souviens de la dernière fois où c’était fatigant avec maman ? »
  • « Oui ! C’était hier soir »
  • « Est-ce que tu te rappelles bien de tout ? »
  • « Heu… oui, ça y est ! »
  • « Parfait, alors maintenant, essaies de te rappeler de tout ce qui s’est passé, en jouant dans ta tête, une petite musique de cirque »

 

Arthur resta interdit quelques instants. J’insistai :

  • « Tu as compris ? »
  • « Non… », dit-il timidement.
  • « Pas grave, je te réexplique : est-ce que tu connais une musique de cirque ? »
  • « Non… »
  • « Ah ! Evidemment… Alors est-ce que tu connais une musique rigolote ? »
  • « Oui ! La musique de Scoubidou ! »
  • « Génial ! », m’écriai-je, avant de reprendre : « Et maintenant, est-ce que tu peux jouer cette musique dans ta tête, sans la chanter ? »

 

Je vis Arthur, les yeux sur le côté, très concentré et figé sur place :

  • « Ca y est ! »
  • « Parfait, alors maintenant, écoutes moi bien : est-ce que tu peux te souvenir de ce qui s’est passé avec ta maman hier soir, et en même temps jouer la musique de Scoubidou ? »

 

A nouveau Arthur se figea complètement, lancé dans un effort intense, et je vis son visage s’éclairer petit à petit, jusqu’à devenir franchement hilare. Un éclat de rire s’échappa de sa bouche :

  • « C’est trop rigolo ! »
  • « Et oui ! Et maintenant, qu’est ce que tu penses de ce qui s’est passé avec ta maman ? »

 

Pour toute réponse, il partit dans un fou rire de plusieurs minutes. Après qu’il se soit calmé j’ajoutai :

  • « Tu vois, c’est ça la PNL, parfois on croit qu’on vit des choses difficiles, et il suffit juste de changer la musique pour que ce soit différent. »
  • « Tonton, tu es un coach magicien ? »

 

Là, c’est moi qui ne put m’empêcher de rire :

  • « Non ! C’est ton cerveau qui est le magicien. Tu as vu ce qu’il t’a fait faire ? D’abord en colère contre maman, et bien finalement il a trouvé ça rigolo… »
  • « Alors, tonton, tu apprends à devenir magicien ! Tu es le maître à l’école des magiciens ! »

 

Désarmé et hilare, je m’avouais vaincu…

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