« T’as vu, il ne dit plus bonjour, quel mépris… ». C’est ainsi que Tom et Fatima parlent de leur manager. Il faut dire que l’ambiance dans l’équipe, depuis quelques temps, n’est pas positive, c’est le moins que l’on puisse dire. Aussi, le fait de ne plus dire bonjour de la part du manager, revient à dire qu’il méprise son équipe.

Voilà un biais cognitif connu depuis longtemps : en quoi le fait de ne plus dire bonjour signifie-t-il qu’il y a du mépris ?

Nous, les humains, aimons bien donner un sens aux évènements qui nous arrivent. Soudain, mon manager ne dit plus bonjour, ça ne peut pas rester sans explication… c’est donc qu’il me méprise. Sauf si je le trouve sympathique, auquel cas je vais plutôt penser que le pauvre est surchargé de travail.

En réalité, l’interprétation de Tom et Fatima recouvre plusieurs biais cognitifs, que j’aime bien regrouper sous le terme de « fantasme ». Le fantasme intervient dès lors que j’interprète les intentions de l’autre sans les vérifier.

Le fantasme fait des dégâts, un peu partout : dans le couple, dans la famille, au travail, dans les actualités, …

Au travail il se caractérise par des scissions. La plus connue étant la rupture entre une équipe et son ou ses managers. L’équipe pense que les managers les méprisent, les dévalorisent, … tandis que les managers pensent que l’équipe est hostile, et qu’ils ne peuvent plus rien dire sans se faire violemment prendre à partie. Il y a aussi la rupture entre deux clans au sein d’une même équipe : entre les « chouchous » et les « mis à part », entre l’équipe du haut et celle du rez-de-chaussée, …

Et tout ça pourquoi ? Parce que nous fantasmons. Constater des faits, c’est très bien, leur donner une explication, c’est déjà plus dangereux. Et dès lors que l’on prête une intention à quelqu’un, sans la vérifier, alors le fantasme arrive. Et le propre du fantasme, c’est de s’auto-renforcer. Dès que mon fantasme devient ma réalité, alors tout ce que je vais voir va venir confirmer ce que je pensais. Dans ces circonstances, je vois surtout ce que je crois (et non l’inverse).

Alors que pouvons-nous conseiller à Tom et à Fatima ? Peut-être d’aller prendre des nouvelles de leur manager et de lui exprimer qu’ils aimeraient bien qu’il dise bonjour à nouveau. Bref, un dialogue : la communication, l’antidote au fantasme.

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